Les COP attirent aujourd'hui 70 000 visiteurs mais provoquent le scepticisme des absents et même des présents - DR : Logo Cop 28
D’un côté il y a la vigilance permanente des médias, les grands et petits reportages relatant les mille initiatives cherchant à accélérer le sauvetage de la planète : la mise en place du « repair », la baisse des passoires thermiques de 7% en France, l’engagement des jeunes et moins jeunes, le plan national sur la biodiversité, les plaidoyers des opérateurs et des territoires touristiques en faveur d’un développement durable…
Mais, de l’autre, il y a un ouragan historique qui dévaste la Crimée et une partie de l’Ukraine et la Russie, un glacier plus grand que l’île de Guadeloupe qui dérive dans l’Antarctique, des températures ressenties de 60°C à Rio, des inondations interminables dans le Nord de la France, des falaises qui s’écroulent, Mexico qui affronte une pénurie d’eau…
Et il y a surtout un GIEC qui estime qu’il faut réduire de 43% les émissions mondiales de GES d’ici 2030 si l’on veut maintenir l’augmentation de température au-dessous de 2 degrés alors que le président de la COP 28 à Dubaï va dans le même sens, mais est accusé par plusieurs journaux de profiter de la présence de centaines de gouvernements pour développer son propre business de producteur de pétrole !
Le tout dans un Etat qui a bâti sa fortune et son tourisme sur l’or noir et qui, selon d’autres sources, est prêt à prospecter parmi les pays africains les plus pauvres ses nouveaux clients d’énergie fossile… Lesquels compenseraient la perte des clients occidentaux engagés dans la transition écologique !
Voilà pour le cadre dans lequel s’ouvre cet événement dont la notoriété internationale a culminé à Paris en 2015 et qui, aujourd’hui, attire 70 000 visiteurs mais provoque le scepticisme des absents et même des présents.
Pour ce qui est, plus concrètement, du cadre climatique, voyons en effet où l’on en est grâce au rapport de l’OCDE qui vient de paraître.
Mais, de l’autre, il y a un ouragan historique qui dévaste la Crimée et une partie de l’Ukraine et la Russie, un glacier plus grand que l’île de Guadeloupe qui dérive dans l’Antarctique, des températures ressenties de 60°C à Rio, des inondations interminables dans le Nord de la France, des falaises qui s’écroulent, Mexico qui affronte une pénurie d’eau…
Et il y a surtout un GIEC qui estime qu’il faut réduire de 43% les émissions mondiales de GES d’ici 2030 si l’on veut maintenir l’augmentation de température au-dessous de 2 degrés alors que le président de la COP 28 à Dubaï va dans le même sens, mais est accusé par plusieurs journaux de profiter de la présence de centaines de gouvernements pour développer son propre business de producteur de pétrole !
Le tout dans un Etat qui a bâti sa fortune et son tourisme sur l’or noir et qui, selon d’autres sources, est prêt à prospecter parmi les pays africains les plus pauvres ses nouveaux clients d’énergie fossile… Lesquels compenseraient la perte des clients occidentaux engagés dans la transition écologique !
Voilà pour le cadre dans lequel s’ouvre cet événement dont la notoriété internationale a culminé à Paris en 2015 et qui, aujourd’hui, attire 70 000 visiteurs mais provoque le scepticisme des absents et même des présents.
Pour ce qui est, plus concrètement, du cadre climatique, voyons en effet où l’on en est grâce au rapport de l’OCDE qui vient de paraître.
Climat : le rapport de l’OCDE fait un constat pessimiste
Premier point : en 2023, le monde a connu les trois mois les plus chauds jamais enregistrés.
On estime qu’entre 2018 et 2022, dans les pays de l’OCDE et partenaires, le nombre de personnes qui ont été exposées à des journées où les températures maximales dépassaient les 35°C a augmenté de 11,3% par rapport à la période de référence : 1981-2010, pour atteindre un total de plus de 500 millions de personnes.
Ainsi, en 2022, plus de 45% de la population des pays de l’OCDE et partenaires ont subi des températures extrêmes pendant au moins deux semaines.
Pire, les températures enregistrées cette année confirment que la tendance se poursuit. Ce qui signifie que les aléas climatiques tels que les ouragans, les vagues de chaleur, les sécheresses et les pluies diluviennes, pourront considérablement nuire aux populations vulnérables, aux écosystèmes et aux infrastructures économiques.
Autre drame : la population exposée aux nuits tropicales (plus de 20°C la nuit) est toujours plus nombreuse. Vingt pays sur les 51 que compte l’OCDE ont connu une hausse de 10% de leur population exposée aux nuits tropicales sur la période 2018-22 par rapport à la période 1981-2010. La hausse de la population exposée à plus de huit semaines de nuits tropicales étant la plus remarquable en Corée (28%), en Italie (18%) et en Grèce (16%).
Autre drame encore : celui des sécheresses qui touchent l’agriculture. Des pays comme l’Argentine, le Brésil et la Roumanie ont connu une baisse moyenne de l’humidité de leurs sols de plus de 6% en 40 ans. Et ces sècheresses peuvent être encore plus sévères à l’échelle nationale et pendant certaines saisons. Ce qui implique des conséquences sociales et économiques dramatiques en matière de sécurité alimentaire.
N’oublions pas non plus les feux de forêt qui, de Rhodes à l'Espagne, ont atteint une échelle inédite, dévastant cette année une superficie terrestre record. Entre 2000-03 et 2019-22, le pourcentage de forêts exposées aux incendies est passé de 15% à 18%.
Tandis que de plus en plus de pays sont victimes d’inondations fluviales et côtières. Plus de 18% de la population des pays de l’OCDE et partenaires est exposée au risque d’inondation fluviale. Dans certains pays, ce pourcentage montant à 40% !
Mais, malheureusement, malgré les engagements en faveur de la baisse des émissions de GES, seuls 26 pays plus l’UE, responsables de 16% de ces émissions mondiales, ont inscrit des objectifs de réduction des émissions dans une loi. Tandis qu’en 2022, les chocs géopolitiques et économiques ont incité certains pays à revenir sur leur action climatique et même à reprendre l’exploitation d’énergie fossile !
Ainsi, les pays ayant renforcé leur soutien aux énergies fossiles, ont atteint des niveaux inégalés, soit plus de 1000 milliards USD ! Aussi grave, certains ont significativement réduit la dépense publique consacrée à la recherche et au développement de technologies bas carbone…
Lire aussi : Futuroscopie - Contre la canicule, si l'on changeait les temps de la vie ? 🔑
On estime qu’entre 2018 et 2022, dans les pays de l’OCDE et partenaires, le nombre de personnes qui ont été exposées à des journées où les températures maximales dépassaient les 35°C a augmenté de 11,3% par rapport à la période de référence : 1981-2010, pour atteindre un total de plus de 500 millions de personnes.
Ainsi, en 2022, plus de 45% de la population des pays de l’OCDE et partenaires ont subi des températures extrêmes pendant au moins deux semaines.
Pire, les températures enregistrées cette année confirment que la tendance se poursuit. Ce qui signifie que les aléas climatiques tels que les ouragans, les vagues de chaleur, les sécheresses et les pluies diluviennes, pourront considérablement nuire aux populations vulnérables, aux écosystèmes et aux infrastructures économiques.
Autre drame : la population exposée aux nuits tropicales (plus de 20°C la nuit) est toujours plus nombreuse. Vingt pays sur les 51 que compte l’OCDE ont connu une hausse de 10% de leur population exposée aux nuits tropicales sur la période 2018-22 par rapport à la période 1981-2010. La hausse de la population exposée à plus de huit semaines de nuits tropicales étant la plus remarquable en Corée (28%), en Italie (18%) et en Grèce (16%).
Autre drame encore : celui des sécheresses qui touchent l’agriculture. Des pays comme l’Argentine, le Brésil et la Roumanie ont connu une baisse moyenne de l’humidité de leurs sols de plus de 6% en 40 ans. Et ces sècheresses peuvent être encore plus sévères à l’échelle nationale et pendant certaines saisons. Ce qui implique des conséquences sociales et économiques dramatiques en matière de sécurité alimentaire.
N’oublions pas non plus les feux de forêt qui, de Rhodes à l'Espagne, ont atteint une échelle inédite, dévastant cette année une superficie terrestre record. Entre 2000-03 et 2019-22, le pourcentage de forêts exposées aux incendies est passé de 15% à 18%.
Tandis que de plus en plus de pays sont victimes d’inondations fluviales et côtières. Plus de 18% de la population des pays de l’OCDE et partenaires est exposée au risque d’inondation fluviale. Dans certains pays, ce pourcentage montant à 40% !
Mais, malheureusement, malgré les engagements en faveur de la baisse des émissions de GES, seuls 26 pays plus l’UE, responsables de 16% de ces émissions mondiales, ont inscrit des objectifs de réduction des émissions dans une loi. Tandis qu’en 2022, les chocs géopolitiques et économiques ont incité certains pays à revenir sur leur action climatique et même à reprendre l’exploitation d’énergie fossile !
Ainsi, les pays ayant renforcé leur soutien aux énergies fossiles, ont atteint des niveaux inégalés, soit plus de 1000 milliards USD ! Aussi grave, certains ont significativement réduit la dépense publique consacrée à la recherche et au développement de technologies bas carbone…
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Atténuer ou s’adapter ?
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Hypocrisie généralisée ? Marché de dupes ?
Selon l’OCDE, « il faudrait donc plus d’ambition et d’engagement pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Et cela dans tous les pays ».
Une intensification principalement portée par des engagements nouveaux et renforcée par des mesures règlementaires plus strictes et une meilleure coopération internationale visant à épargner les pays les plus pauvres qui paient le plus cher tribut au réchauffement climatique alors qu’ils n’émettent que très peu de CO2.
Mais, plus généralement, il faudrait surtout enfin choisir entre deux solutions opposées. Soit on choisit des politiques d’adaptation au réchauffement, soit on choisit d’atténuer le réchauffement.
Dans un excellent article de La Conversation du 27 novembre par l’économiste François Lévêque : « À première vue tout sépare ces deux formes de lutte contre le changement climatique. L’atténuation vise à le freiner, tandis que l’adaptation vise à s’y acclimater.
D’un côté il faut agir sur les causes, de l’autre il faut agir sur les effets sachant que l’atténuation porte ses fruits à long terme pour les générations futures alors que l’adaptation profite aux populations d’aujourd’hui en sauvant des vies et épargnant des infrastructures dès maintenant ».
Enfin, précise encore l’économiste : « les mesures de réduction des émissions de CO2 bénéficient à l’ensemble de la planète, alors que les mesures d’adaptation bénéficient à la population de territoires ciblés et circonscrits. D’un côté un bien public mondial n’exclut personne de ses bienfaits, pas même ceux qui n’auraient rien fait pour l’obtenir. D’un autre, on constituerait un bien privé local ! »
Très pertinentes ces remarques nous incitent encore à évoquer l’état de l’opinion. Notamment en France.
Selon une étude du Credoc datant de juillet 2023 : dans un contexte de forte hausse des prix à la consommation, nourrissant un sentiment d’insécurité économique largement partagé, les préoccupations à l’égard de l’environnement demeurent fortes et les enjeux liés à cette thématique s’installent durablement dans l’opinion publique :
- 82% des Français soutiennent l’idée que la lutte contre le réchauffement climatique devrait mobiliser autant de moyens que la lutte contre la pandémie de Covid-19
- 71% aspirent à une société qui soutiendrait exclusivement les activités économiques vertueuses pour l’environnement.
- 73% des Français souhaitent que les citoyens soient davantage impliqués dans les décisions qui concernent la collectivité.
Il ne fait donc guère de doutes que l’opinion sait où elle veut aller, mais qu’elle n’est pas prête à entériner des marchés de dupes…
Lire aussi : Futuroscopie - "Le ski n’a pas d’avenir" clament les acteurs de la montagne italienne 🔑
Selon l’OCDE, « il faudrait donc plus d’ambition et d’engagement pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Et cela dans tous les pays ».
Une intensification principalement portée par des engagements nouveaux et renforcée par des mesures règlementaires plus strictes et une meilleure coopération internationale visant à épargner les pays les plus pauvres qui paient le plus cher tribut au réchauffement climatique alors qu’ils n’émettent que très peu de CO2.
Mais, plus généralement, il faudrait surtout enfin choisir entre deux solutions opposées. Soit on choisit des politiques d’adaptation au réchauffement, soit on choisit d’atténuer le réchauffement.
Dans un excellent article de La Conversation du 27 novembre par l’économiste François Lévêque : « À première vue tout sépare ces deux formes de lutte contre le changement climatique. L’atténuation vise à le freiner, tandis que l’adaptation vise à s’y acclimater.
D’un côté il faut agir sur les causes, de l’autre il faut agir sur les effets sachant que l’atténuation porte ses fruits à long terme pour les générations futures alors que l’adaptation profite aux populations d’aujourd’hui en sauvant des vies et épargnant des infrastructures dès maintenant ».
Enfin, précise encore l’économiste : « les mesures de réduction des émissions de CO2 bénéficient à l’ensemble de la planète, alors que les mesures d’adaptation bénéficient à la population de territoires ciblés et circonscrits. D’un côté un bien public mondial n’exclut personne de ses bienfaits, pas même ceux qui n’auraient rien fait pour l’obtenir. D’un autre, on constituerait un bien privé local ! »
Très pertinentes ces remarques nous incitent encore à évoquer l’état de l’opinion. Notamment en France.
Selon une étude du Credoc datant de juillet 2023 : dans un contexte de forte hausse des prix à la consommation, nourrissant un sentiment d’insécurité économique largement partagé, les préoccupations à l’égard de l’environnement demeurent fortes et les enjeux liés à cette thématique s’installent durablement dans l’opinion publique :
- 82% des Français soutiennent l’idée que la lutte contre le réchauffement climatique devrait mobiliser autant de moyens que la lutte contre la pandémie de Covid-19
- 71% aspirent à une société qui soutiendrait exclusivement les activités économiques vertueuses pour l’environnement.
- 73% des Français souhaitent que les citoyens soient davantage impliqués dans les décisions qui concernent la collectivité.
Il ne fait donc guère de doutes que l’opinion sait où elle veut aller, mais qu’elle n’est pas prête à entériner des marchés de dupes…
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Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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